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L’Ircam, le lieu de la « co-créativité humain-machine »

France Musique Podcast, Série  » Musique et IA », épisode 7/8

https://www.radiofrance.fr/francemusique/podcasts/musique-maths/musique-et-ia-episode-5-l-ircam-le-lieu-de-la-co-creativite-humain-machine-3422353

L’Ircam, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique, travaille sur l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine musical. Musiciens, chercheurs et techniciens travaillent ensemble pour mettre l’IA au service d’une proposition artistique, à rebours de son usage industriel.

Dans un des studios de l’Ircam, où vingt-cinq haut-parleurs sont suspendus au plafond, Marco Fiorini joue de la guitare. Ce musicien et chercheur est accompagné par un instrumentiste d’un genre très particulier : SoMax, un logiciel d’intelligence artificielle (IA) qui l’écoute jouer et improvise avec lui en temps réel. « C’est un programme, on pourrait dire, de co-improvisations réactives, explique-t-il. SoMax réagit en temps réel et en fonction de ce que le musicien externe est en train de jouer. Du coup, il est capable d’adapter son comportement selon l’écoute de la dimension musicale sur les mélodies, les harmonies que l’humain joue ». Aux propositions musicales du chercheur répondent celles de l’IA, qui génère, par exemple, un son de violoncelle pour l’accompagner.

Ces programmes d’IA qui « accompagnent » en temps réel des musiciennes et des musiciens sont développés depuis plusieurs années à l’Ircam, l’Institut de recherche et coordination acoustique/musique, créé dans les années 1970 par le compositeur et chef d’orchestre Pierre Boulez. Chercheurs, ingénieurs, techniciens et musiciens travaillent ensemble autour, notamment, de l’intelligence artificielle.

L’Homme joue et la machine écoute et l’accompagne

Le logiciel SoMax sur lequel travaille Marco Fiorini est une des créations de l’Ircam et, plus précisément, de l’équipe Représentations musicales dirigé par Gérard Assayag. « Nous avons développé une famille de logiciels, qui ont une forme de mémoire musicale intelligente, explique ce dernier. On leur fait apprendre des corpus de musique et ces corpus sont réactivés au moment de l’interaction avec le musicien humain. Donc le musicien humain joue et la machine écoute ! »

C’est à partir de cette « écoute artificielle » que l’IA va pouvoir accompagner les musiciens : « la machine sait trouver des ponts, des relations entre ce que le musicien fait et la mémoire qu’elle a accumulée à travers l’apprentissage. Lorsqu’elle trouve ces ponts, ces relations, elle va avoir tendance à se diriger plutôt dans ces directions-là ». Gérard Assayag parle de « co-créativité », une créativité « partagée entre le musicien et la machine ».

Une philosophie à rebours de l’usage industriel de l’IA

Le logiciel d’intelligence artificielle SoMax est donc capable d’écouter mais, surtout, d’apprendre : dans le domaine de l’IA, c’est ce qu’on appelle le « machine learning », ou apprentissage automatique. En clair, l’IA apprend des structures, des rythmes récurrents à partir d’un corpus de musiques et les remobilise pour jouer avec un musicien.

L’usage de l’IA, telle que défendu à l’Ircam, n’est donc pas de remplacer le musicien mais de l’accompagner : « Nos systèmes n’ont de sens que dans l’interaction, rappelle Gérard Assayag, c’est-à-dire si l’humain est au cœur et comme extension de l’humain ». Il s’agit souvent de mettre en œuvre la proposition musicale d’un artiste aux moyens de l’IA, comme l’explique Alice Cohen-Hadria, maîtresse de conférences à La Sorbonne et chercheuse à l’Ircam : « La plupart des artistes avec qui on travaille dans le cadre des collaborations au laboratoire, ce sont des artistes qui viennent et qui veulent utiliser l’intelligence artificielle, soit parce que […] la technique leur semble intéressante, soit parce qu’il n’y a pas d’autres manières de réaliser ce qu’ils veulent réaliser ».

Ici, l’intelligence artificielle est vue comme un outil au service des artistes.

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