En 2023, Mikhail Malt a invité Valérie Philippin pour une résidence de recherche création à l’Ircam pendant la saison 2023-24, pour développer Somax2 autour de la (re)composition de la parole et créer une forme artistique mêlant les improvisations de l’intelligence artificielle et des deux musiciens.
Une première étape à l’Ircam a permis de développer le logiciel en vue d’improviser entre parole et chant et d’ébaucher en studio une forme artistique mêlant texte, chant et sons électroacoustiques.
Cette présentation, conférence/concert, dans le cadre du festival Manifeste de l’Ircam pour les jeunes musiciens qui suivront l’académie du festival, est une restitution du travail accompli jusqu’à ce moment.
Une deuxième étape de cette recherche continuera au SCRIME (Bordeaux), ayant comme but le développement de la forme artistique singulière découlant de l’interaction de la machine avec les deux musiciens.
Le logiciel d’improvisation Somax2 est développé par l’équipe de Représentation Musicale de l’Ircam et fait partie du projet ANR MERCI (Mixed Musical Reality with Creative Instruments) et Projet ERC REACH (Raising Co-creativity in Cyber-Human Musicianship).
Plus d’informations sur https://www.stms-lab.fr/projects/pages/somax2/ et reach.ircam.fr
A propos du projet
Valérie : … et très vite j’ai eu la sensation que s’enfoncer dans les profondeurs du paysage déployé par l’instrument Somax, c’est comme entrer dans le labyrinthe. Une combinaison de pistes multiples, hyper structurées et aléatoires, que la machine déplie de façon toute à la fois mécaniste et sensible à notre double impulsion, le geste de Mikhail, ma voix. Rien à voir s’il vous plaît avec le mythe du Minotaure, la bête mangeuse de chair humaine, le héros victorieux, la jeune fille amoureuse, représentations mythiques à fortes déterminantes psycho-sociales : dominer les pulsions, vaincre la bête en soi. J’aime que Mikhail suggère plutôt le mandala tibétain, labyrinthe de formes et de couleurs, avec au centre, le melong, un miroir. Le but de la quête : se voir tel qu’en soi-même ? Laisser surgir l’image… Un réseau de relations… C’est ce que nous ne cessons de questionner au cours de ce travail d’improvisation avec la machine désormais capable de recomposer la parole en puisant dans une mémoire emplie de phonèmes, syllabes, mots, fonctions grammaticales et intonations, voix multiples, à la fois hall de gare, cerveau schyzo, pensée-monde, miroir de nos constructions hyper structurées et au final totalement spontanées, puisqu’il s’agit d’improviser : Somax sait interagir avec les sons musicaux, nous avançons pour que la machine puisse composer avec la parole, créer des relations, dire, ne pas dire, et toujours, musiquer.
Mikhail : …en général, « elle écoute » Valérie, et comme pour des humains, des êtres sensibles, elle reconnait des unités, les hauteurs sont reconnues, et là ! des zones clignotent dans « sa » mémoire… l’instant est mis en rapport avec des musiques apprises auparavant, (si, si, cette petite intelligence se prépare, elle apprend un répertoire…) « elle » évalue la similarité, la dissimilarité et propose une combinatoire de ce qu’elle a appris, pour que ça s’harmonise, avec le présent, pour que ça réponde à Valérie… de mon côté, j’écoute aussi, je guide doucement cet agent, je l’orchestre avec de l’électronique, je sculpte la masse… j’écoute avec l’oreille, mais aussi avec la peau… L’agent Somax n’est pas trop « conscient » du temps, à nous (Valérie et moi) de donner une forme… en fonction du moment, on (Somax et moi) se rapproche, ou on s’éloigne de la voix de Valérie… une voix qu’on orchestre aussi volontiers, des aigus limpides aux graves gutturaux… d’autres fois, on précède Valérie, on construit des situations qu’on lui propose à Valérie, elle y est invitée à se joindre à nous…
Oui, un trio…. avec des duos…